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ASSEMBLEE GENERALE du 11 mars 2011

L’Assemblée Générale annuelle de l’AFDET13
placée sous le haut Patronage de
Monsieur leRecteur de l’Académie d’Aix-Marseille Chancelier des Universités
Monsieur Jean-Paul de GAUDEMAR s’est déroulée le mercredi 18 février 2009 au
Cercle Militaire de Garnison
Fort Ganteaume
2 rue Charles Livon
13007 MARSEILLE.

CONFERENCE

TENUE LORS DU DÎNER DEBAT DU 11 mars 2011
par
Monsieur Jean LE GARREC

Ancien Ministre de l'Emploi, du Plan Etat-Région, de la Fonction Publique

et actuellement Président de Alliance Villes-Emploi

 

Thème du Débat : MUTATION ECONOMIQUE ET CROISSANCE

Malgré un long passé politique, c'est sans «langue de bois», avec passion et quelques traitsd'humour que M. LE GARREC va décrypter pour nous la situation économique actuelle, car passer  directement de l'entreprise au monde politique, il en connait tous les aspects.
Prenant l'exemple de la navigation, il semblerait qu'aujourd'hui les politiques aient délaissé les cartes marines pour naviguer à vue sans une appréciation précise des problèmes qui, pourtant, s'aggravent chaque jour.

Il faut néanmoins éviter:
1- de tomber dans le pessimisme, ce qui est le cas actuellement, car le pays est anxieux, inquiet, et a peur de l'avenir.
     2- de ne pas suffisamment regarder la réalité en face et ne pas essayer de la décrypter, alors que partout, des hommes et des femmes écrivent des choses passionnantes ; on a l'impression que les éléments ne sont pas suffisamment pris en compte par les politiques.

Employer le mot de «crise» est un peu réducteur ; il s'agit d'une situation économique qui ne se produit pas par hasard; le premier  acteur est le «pouvoir financier» qui a pris la totalité des pouvoirs. Dans les années  60 à70, Michel Rocard disait que  1 $ de transaction économique représentait 1$ de transaction financière. Aujourd'hui 1$ de transaction économique équivaut à 101$ de transaction financière.

La prise totale du pouvoir par le système financier débridé est un problème nouveau et très difficile, et il faudra bien arriver à mettre en place les éléments de régulation de ce pouvoir. Cela a déjà existé, mais jamais dans les mêmes conditions. Jack London dans son livre de politique fiction « Le talon de fer», avait bien senti que si l'on n'y prenait garde, ce serait la prise du pouvoir politique par le pouvoir financier.

Un autre problème est posé par l'oligarchie, car les liens sont très étroits entre les pouvoirs, politique, économique et financier. D'ailleurs cela avait été prédit par Daniel Cohen, dans son livre «La Prospérité du Vice» et par le prix Nobel Joseph Stiglitz qui a écrit le «Triomphe de la Cupidité», et ce n'est pas par hasard que les mots «vice» et «cupidité» ont été choisis.

Le montant des transactions financières en France, calculé sur une semaine, est équivalent au montant du PIB en France sur une année... En 2011, les 19 plus grandes entreprises du CAC 40 vont distribuer 40 milliards de dividendes ; bien entendu, ce ne sont pas les petits actionnaires qui vont en bénéficier.

Cette situation est très grave et si l'on ne prend pas de mesures pour réguler le système, cela continuera. Tout le monde est d'accord pour le dire, mais aucune mesure n'est prise.

Une décision a cependant été prise au parlement européen, approuvée assez largement, de créer une taxe sur les transactions financières ; c'est la fameuse «taxe Tobin» de 1 à 1,5 % sur toutes les transactions, ce qui représenterait 200 milliards d'euros ; cette taxe a d'ailleurs été proposée depuis assez longtemps par le prix Nobel d'économie James Tobin.

S'il n'y a pas une redistribution financière importante, ce système va faire «craquer» l'ensemble de nos économies ; si l'on n'arrive pas à arrêter ce processus, ce sont encore les mêmes qui vont payer avec un accroissement du chômage; aujourd'hui en France, le nombre de chômeurs atteint le chiffre de 4 168 000, avec une progression du chômage des jeunes et des plus de 50 ans.

 

Il reste à savoir maintenant si le vote du parlement européen sur la taxe Tobin, sera suivi d'effet, ou si l'on continuera à laisser aller des situations où des personnes resteront en manque de confiance et sans aucune perspective d'avenir.

Un autre problème préoccupant est que les grandes entreprises ne sont plus créatrices d'emploi. Il faut savoir que :
en 1980, la France comptait 5 300 000 ouvriers et en 2006, seulement        3000 000. En 1985,  il y avait 752 000 précaires seulement et en 2009, ils étaient 3 100 000.

Il faut savoir que RENAULT vend chaque année 1 500 000 voitures dont 360 000 seulement sont   fabriquées en France ; Citroën, de son côté, sur 2 100 000, seulement 800 000 sont fabriquées en France.         

Toutes les très grandes entreprises telles que par exemple Airbus et d'autres ont toutes fait des transferts de technologie.
Il est donc indispensable de faire des recherches technologiques, rechercher de nouvelles pistes de développement, d'autres filières en vue de créer des emplois, comme, par exemple,  le bois, car la France possède la plus grande forêt d'Europe et pratiquement ne travaille qu'avec desbois d'importation, d'où un déficit de 5 milliards sur cette filière ; d'autres pourraient être développées: construction, agriculture dans certaines régions, etc.

L'économiste Schumpeter avait d'ailleurs analysé le problème de «la création destructrice», c'est-­à-dire que la destruction risque de l'emporter sur la capacité créative.

Il faut travailler et continuer à utiliser la vocation territoriale : c'est un enjeu presque capital ; les grandes collectivités connaissent les problèmes de leur région et les entreprises capables de se développer et de se mobiliser. Nos élites ne connaissent ni les entreprises, ni les usines, ni les ouvriers ; il est nécessaire qu'elles se remettent en cause, car elles n'ont que des connaissances superficielles des problèmes.

Un autre problème est celui des services publics ; il est indispensable de sauver les vecteurs, tels que l'école, la santé, et tous ceux qui tournent autour de ces deux pôles. Si l'on ne fait par des efforts massifs, on va préparer des générations qui n'auront pas les atouts pour s'adapter à l'avenir. Il faut garder une volonté forte de construire en dépassant le débat politique.

En terminant,  M. Le Garrec rappelle que notre pays s'est construit dans la diversité qui fait sa force ; le débat politique doit résider dans sa capacité à écouter l'autre et à rassembler plutôt que de se référer aux racines judéo -chrétiennes.

Après un état des lieux, .lucide et réaliste, on ne peut que féliciter M. Le Garrec, pour ses qualités humanistes, toujours prêt à se battre contre les injustices sociales, et d'avoir gardé intacte sa capacité  d'indignation en se référant au livre de Stéphane Hessel « Indignez-Vous ».  Tout un programme !!!


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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